TOXICO-DEPENDANCE : LA PRISE EN CHARGE
La dépendance
La médecine définit la dépendance comme « une accoutumance ou une addiction ». « L’accoutumance permet de s’adapter à un environnement parfois hostile ; c’est donc un processus de défense. La dépendance, que, par préférence pour les anglicismes, nous appelons plus volontiers actuellement l’addiction, est, en quelque sorte, une déviation pathologique de ce mécanisme adaptatif ».
« Le terme d’addiction utilisé à la place de dépendance, désigne un trouble fréquent du comportement qui repose sur une envie irrépressible de faire une chose dont nous savons pertinemment qu’elle est nocive pour nous ».
Le terme « toxicomanie » désignera l’état de dépendance physique ou physiologique à la substance et sa consommation lorsqu’ils deviennent problématiques pour le consommateur, son fonctionnement, sa santé et son entourage.
La toxicomanie est rangée parmi les maladies. Elle est complexe (on ne peut pas encore bien l’expliquer) et chronique (les rechutes sont fréquentes et on reste malade toute sa vie, même lorsque l’on maintient l’abstinence).
Le parcours de soin
L’approche de la dépendance en tant que maladie et sa meilleure compréhension ont permis une prise en charge des malades plus adaptée, tant dans la durée qu’en termes de thérapie.
Désormais, on sait qu’un sevrage total et sans suivi, quelle que soit la substance, peut être mortel pour le malade par le seul fait du manque. L’arrêt du phénomène de sur- adaptation par le corps peut, lui aussi, provoquer un arrêt des fonctions vitales. En effet, avec le temps, pour gérer l’arrivée des toxiques et de leurs effets indésirables le corps se met en sur régime. Il doit réguler les variations du rythme cardiaque, la température, les fonctions digestives et métaboliques, etc…Ce qui lui permet aussi de continuer à faire fonctionner les organes déficients ou malades.
Par ailleurs, la dimension psychologique, psychique et sociale est prise en compte. Le seul sevrage avec abstinence complète et durable n’est pas suffisant. Le patient sera pris en charge au-delà des quelques mois d’hospitalisation nécessaires au sevrage et à la postcure (stabilisation du sevrage). Une prise en charge peut durer plusieurs années lorsque la thérapie intègre un passage en appartement thérapeutique et une réinsertion.
La décision de se soigner
Elle ne peut être prise que par l’intéressé lui-même. Cela va lui demander un engagement volontaire et une abstinence (ou diminution notoire de sa consommation) de quelques semaines avant d’être accepté par l’organisme. Cette abstinence sera vérifiée chaque semaine par l’addictologue ou le médecin de la structure. Cette phase conclue positivement, le malade dépendant pourra intégrer le parcours de soin.
Dès lors, commence pour lui un parcours éprouvant. Après un sevrage de 3 à 5 jours, le patient est dirigé vers la structure d’accueil en postcure. Il est coupé de son entourage proche, et de ses moyens de communication. La durée de cette phase est fonction du type de structure qu’il intègre et varie de deux semaines à un mois. Parfois plus, lorsqu’il est repéré chez le patient une forte dépendance à sa famille, son entourage proche ou une relation particulièrement fusionnelle avec une personne identifiée. Elle est nécessaire pour lui permettre de se recentrer sur lui-même et sur le soin. Les interactions avec la famille et les proches parasiteraient ce moment essentiel du parcours de soin.
La prise en charge forcée du malade dépendant à très peu de chance d’aboutir favorablement. Elle peut se révéler nécessaire cependant en cas de danger ou si des problèmes psychologiques ou physiques l’exigent.
La prise en charge
De nos jours en France plusieurs options s’offrent aux malades concernant leur prise en charge :
- L’hôpital : en service spécialisé ; Avec internement ou soin déambulatoire pour la postcure. Cette dernière possibilité n’est jamais prescrite dans le cas d’addictions lourdes, problématiques ou après échecs répétés,
- Les cliniques dédiées aux dépendances,
- Les centres thérapeutiques avec ou sans traitement médical,
- Les communautés thérapeutiques sans traitement médical ni produits de substitution (dérogation exceptionnelle possible dans le cas de complication psychiatrique l’imposant). Elles se différencient des autres structures par leur fonctionnement, reposant sur l’autodiscipline et l’autogestion de ses membres et un système de pair-aidance. Ici, le thé, le café et les cola y sont proscrits car considérés eux-mêmes comme des substances psychoactives.
Ces communautés sont les structures qui offrent le parcours le plus complet, avec thérapie familiale incluse. Elles sont celles qui, en revanche, offrent les conditions d’hospitalisation les plus rigoureuses pour les patients comme pour leurs proches.
Après la période de sevrage et dès son arrivée en centre de postcure, le malade est coupé de l’extérieur durant quelques temps. C’est une phase où il n’aura aucun contact avec ses proches ni moyen de communication avec eux (téléphone, courrier, Etc…)
Cette étape a plusieurs objectifs :
- Couper toute relation avec son entourage, ses habitudes,
- Reprendre contact avec lui-même,
- Prendre du recul sur sa vie, sa consommation,
- Commencer un travail d’introspection,
- Créer des liens avec les autres résidents et les personnels soignants.
Elle sera aussi bénéfique pour la famille et les proches qui pourront, eux aussi, se recentrer sur eux.
D’autres étapes suivront, consistant à :
- mieux se connaître,
- comprendre ses sentiments, le fonctionnement des émotions, sa consommation, etc….
Il s’agira aussi de faire la part entre :
- ce qui relève de fonctionnements pathologiques et répréhensibles adoptés dans le passé (du fait de la consommation)
- de ce qui constitue sa vraie personnalité. Leurs conséquences devront alors faire l’objet d’une verbalisation pour une prise de conscience et un travail sur les notions de responsabilité et de choix.
Une thérapie individuelle et collective
Elle peut être « obligatoire » dans certaines structures afin de confronter le malade au regard des autres, lui permettre de verbaliser et d’échanger sur son expérience. Par ailleurs, il devra écrire son histoire de vie.
Par ailleurs, elle permettra également de rassurer le patient sur les conséquences de l’abstinence sur sa personnalité et sa capacité à fonctionner. Beaucoup redoutent de ne plus être eux-mêmes, de ne pas se comprendre et les changements à la suite de la guérison. Cette peur participe pour beaucoup dans le phénomène de rechute. Par ailleurs les toxicomanes sont reconnus comme ayant des personnalités hyper sensibles avec des tendances antisociales. On les décrits souvent comme incapables de faire front à la multitude de sentiments qu’ils ressentent et d’y apporter une réponse appropriée. Les substances leur permettent de les atténuer ou de les dissiper momentanément.
Certaines structures intègrent, à terme, une thérapie familiale afin que chacun s’exprime. Elle a pour objectif, entre autres, de rétablir la communication entre ses membres et le malade et préparer à la réintégration de ce dernier dans le quotidien.
L’accompagnement des proches
L’impact de la dépendance sur les proches
Durant le parcours de soin du malade, il peut être nécessaire que la famille et les proches impliqués et impactés entament eux aussi un parcours de reconstruction. Les thérapies organisées par les structures de soin sont l’occasion d’entamer ce travail.
En effet, lorsque l’un des membres d’une famille est malade, c’est la cellule toute entière qui finit par dysfonctionner. S’il n’y a pas vraiment de généralité dans la nature ou l’intensité de l’attachement du malade à sa famille, la constante est une relation triangulaire qui s’installe au fil du temps, avec le malade au centre de toutes les préoccupations. Cette position influence les choix et le rythme de vie même si rien de tel n’est dit ou perçu ainsi.
La prise en charge du malade est l’occasion pour chacun de retrouver et redéfinir sa place dans la famille. De réinvestir la vie professionnelle et vie privée. Au moment de l’hospitalisation, elle est déchargée de toute obligation et responsabilité. La structure d’accueil prend le relais et veillera à mettre la distance nécessaire entre le patient et ses proches. Cela peut être assez déstabilisant car la famille, repliée sur elle-même, fonctionne depuis un certain temps pour et en fonction de son membre malade.
Un travail sur soi fortement recommandé
L’hospitalisation d’un proche, après le stress des préparatifs de son admission, permet à la famille de souffler. Souvent, un évènement particulièrement grave ou douloureux amène l’intéressé à prendre cette décision.
La cellule familiale doit opérer, elle aussi, un travail sur elle-même pour intégrer de nouveaux modes de fonctionnement. L’idée est de pouvoir aller de l’avant au retour du parent malade. La dépendance a induit des interactions et des relations qui ne sont pas toujours saines et rationnelles. Les proches ont besoin de digérer les moments douloureux et de se mettre dans de nouvelles dispositions. Il est nécessaire qu’elle comprenne la maladie pour permettre au malade de continuer son processus. ce qui lui évitera de retomber dans ses vieux travers. De même, il n’y a pas de « comptes » à régler : la thérapie qu’entame le malade prévoit qu’il travaille sur les conséquences de ses consommations. La thérapie familiale lors de son hospitalisation permettra à la famille de se délester de ses rancœurs.
Finalement, il se peut que la famille ne puisse pas en bénéficier dans le cadre du parcours de son proche. Ce sera à elle d’aller chercher l’aide et l’accompagnement dont elle a besoin. L’accompagnement psychologique grâce aux antennes des CMP ou par le coaching sont efficaces.
Pour aller plus loin
https://www.aurore.asso.fr/
https://lavieautaquet.com/2017/10/16/accompagner-proche-malade-dependant/
Se faire aider : https://lavieautaquet.com/seance-gratuite-daccompagnemen
https://www.narcotiquesanonymes.org/
http://www.alcooliques-anonymes.fr/