En dehors de pathologie, il n’y a pas de parents volontairement maltraitants
Des parents immatures
Il y a des parents en difficulté, mal outillés pour assurer leur rôle face à certaines difficultés dans l’exercice de cette fonction. Ce qui fait la différence entre les parents que l’on qualifie de « maltraitants » et les autres, c’est la faculté de ces derniers à trouver les réponses. Les gestes et les attitudes inadaptés qu’ils mettent en place pour gérer les situations. Leur incapacité à faire triompher l’adulte sur l’enfant intérieur qui sommeille en eux.
En effet, quand on éduque ses enfants, on va connaître un tas de situations qui nous semblent difficiles à gérer et pour lesquelles nous n’avons pas de réponse instinctive et naturelle. Des situations plus ou moins banales qui nous stressent. Elles semblent nous faire entrevoir les limites de nos facultés à être les parents idéaux que nous avons rêvé d’être. En réaction, nous allons avoir tendance à agir précipitamment et de ce fait, à faire parler notre propre parent. Au regard des réponses qu’ils avaient apportées lorsque nous les avons nous-mêmes soumis à la situation. A l’inverse, il se peut qu’on aille chercher une réponse dans notre enfant intérieur.
L’enfant intérieur
Lorsque c’est l’enfant intérieur qui s’exprime et essaie de gérer une situation, et bien, inutile de préciser que cela ne peut pas fonctionner. Il s’agit alors d’un moment au cours duquel deux enfants se confrontent. Le vrai, qui a provoqué la « crise » et l’enfant frustré, tyrannisé et en colère qui réagit.
La pensée que notre enfant nous « teste », « fait en sorte de nous pousser à bout », « recherche ses limites » ou « veuille imposer une relation de force » relève de la croyance enfantine. Cela peut pousser certains parents « mal outillés » à adopter des comportements dommageables pour leurs enfants.
Etre parent ça n’est pas « dresser » son enfant ni le garder près de soi coûte que coûte. C’est avant tout lui permettre de grandir en sécurité et l’accompagner. Le guider pour en faire un adulte qui aura toutes les clés pour s’épanouir et réussir sa vie.
Les pensées qui germent parfois dans la tête des parents
Avant toute chose, votre enfant vous aime inconditionnellement. Son cerveau ne connaît pas le vice, la haine ou tout autre sentiment malveillant à votre égard.
Ces pensées ou ces actes qui font du mal à nos enfants
Nous avons souvent des phrases et des comportements maladroits. Ils peuvent influencer sa confiance et son estime de soi. Rendre la relation difficile. Lui faire naître des peurs ou des croyances. Ces traitements prolongés peuvent s’inscrire en lui de façon indélébile.
Les pensées
- J’ai fait sans quand j’étais petit et je n’en suis pas mort, il n’y a donc aucune raison pour que je lui cède (est-ce une valeur véritable que vous voulez lui inculquer ou est-ce tout bonnement l’enfant jaloux qui pense ?),
- Il me pousse à bout. Ce n’est pas un enfant qui va faire la loi (qu’est-ce qui vous fait penser que l’enfant a décidé de faire sa loi ? N’est-ce pas l’enfant harcelé ou agressé qui réfléchit à cet instant ?),
- Cet enfant est difficile si je ne réagis pas il va me « bouffer ». Il faut donc user de fermeté (fermeté ou violence ?),
- Il n’a aucune raison d’agir ainsi, il fait encore un caprice. Le « caprice » est le mot que nous avons inventé pour nous rassurer en tant que parent. Il s’agit d’une décharge émotionnelle dont la nature, la cause et sa gestion nous échappent.
- Il s’est mal conduit, il faut donc punir et marquer le coup (c’est quoi punir ? Pourquoi bouder ?)
- Cette fois-ci c’est trop grave. Je suis à bout. Je n’en peux plus…
De même, reprendre l’historique de ses méfaits, tenir des propos lui laissant penser que chaque écart de conduite pourrait diminuer l’amour ou entacher l’image que vous avez de lui.
- Occupe-toi de ton enfant car moi je n’en peux plus (serait-il le vôtre uniquement quand il se comporte bien ? Quelle incidence sur lui ?),
Par ailleurs, l’idée qu’il faille réagir vite dans telle ou telle situation n’est pas appropriée
En quoi une « réaction »peut-elle être véritablement appropriée ? Pour quels effets ? Qu’est-ce qui se passerait si vous preniez un temps de recul ? Selon vous, en comparant les deux hypothèses quelle réponse pourrait-être la plus appropriée ?
Enfin, l’amour n’est pas une récompense. Ses comportements peuvent être la manifestation d’une demande de davantage d’attention. Eduquer c’est super et aimer est indispensable au processus.
Les actes ou les attentes inappropriés
Lorsque le comportement de son enfant devient un enjeu
- L’enfant est au centre de désaccords passionnés et conflictuels sur la méthode éducative et il en est régulièrement le témoin. Il peut nourrir la croyance qu’à lui seul il peut influencer ou conditionner l’amour dans le couple. Que l’amour que vous vous portez ou que les problèmes de couple que vous rencontrez sont dus à ses comportements. Il peut ainsi remettre en question l’amour inconditionnel que vous êtes sensés lui porter. Cela peut induire, petit à petit, un manque de confiance en lui. Un manque de confiance en vous et l’inciter à vérifier régulièrement que vous tenez à lui.
- Voir en lui le conjoint qui vous a tant fait souffrir,
- Enfin, Penser qu’il peut vous réparer ou réparer votre enfance,
Quand on se trompe d’ennemi
- Le faire culpabiliser
- Le terroriser avec la triste histoire familiale ou le naufrage du couple,
- Lui répéter qu’il ressemble à son père ou à sa mère surtout si il ou elle vous a quitté ou fait du mal. En s’identifiant, il risque de perdre sa personnalité propre et avec cela confiance et estime de soi. Il peut reproduire les comportements du parent incriminé (pensant qu’il est comme lui ou que quelque part vous n’en attendez pas moins de lui).
Il n’est pas approprié que votre enfant grandisse avec l’idée :
- Qu’il vous doit quelque chose,
Tout ce que vous faites pour lui est normal. Tout ce qu’il fait est révélateur de ce que vous avez ou non compris de son fonctionnement. L’étiquette qu’inconsciemment vous lui avez collée et dont il cherche à s’affranchir ou à l’inverse a y être conforme. Cela peut lui créer des conflits intérieurs et faire naître des craintes et des peurs.
- Ni qu’il peut conditionner votre bonheur en famille ou en couple,
- Ou que chaque mauvais comportement fait sauter des points sur son « permis d’être aimé »,
- D’être un enfant décevant ou indigne de votre amour,
- Enfin, que la sanction, la violence ou la peur soit normale dans une relation Parent-Enfant. Que ces pratiques font naturellement partie de l’éducation.
Ce que vous pouvez faire : agir en parent responsable
Si la situation est grave, demandez de l’aide rapidement. Soit pour être pris en charge, soit pour que votre enfant puisse être mis à l’abri. Il est important de s’en remettre à quelqu’un d’extérieur à votre foyer. Un ami, un proche qui aura du recul pour vous aider dans ces démarches. Vous pouvez également contacter directement les services sociaux ou des associations.
Quand vous sentez la fatigue ou la pulsion monter :
N’agissez pas sur un coup de tête. Prenez du recul, isolez- vous et reprenez le contrôle de vous-même.
Ne cherchez pas une relation de force ou de toute puissance pour vous faire obéir. Si vous n’y arrivez pas spontanément c’est que vous ne savez pas vous y prendre. Privilégiez le câlin, cela calme le nourrisson aussi bien que l’enfant. Dans ce moment, il n’y a rien à dire ni à faire, seulement laisser la douceur diffuser.
Vous redoutez le contact physique (vous n’en avez jamais eu de vos parents ? ou cela fait « bizarre » ?) Persistez! Dans quelques instants, l’amour que votre enfant vous porte vous enveloppera naturellement de sa chaleur et fera naître de nouvelles sensations. C’est chimique et scientifiquement prouvé : votre enfant va libérer les hormones de « l’amour », l’ocytocine, lesquelles vont vous irradier.
Chaque fois que vous reproduirez ce contact avec votre enfant, vous serez de plus en plus à même d’en libérer à votre tour et de prendre conscience de la décharge d’amour et de paix qu’elle vous apporte et réciproquement.
Recréer ou renforcer le lien d’attachement avec votre enfant
Etre un parent fiable et rassurant
Ce lien d’attachement est nécessaire à l’enfant pour qu’il se sente en sécurité. Indispensable pour lui permettre de se développer et d’agir sereinement. Beaucoup de ses pleurs que vous jugez anormaux et ingérables, les crises et les colères sont dus aux émotions trop fortes que ressent votre enfant alors qu’il ne se sent pas en sécurité. Ces émotions sont provoquées par les vôtres (anxiété, tristesse, confusion, déprime…).
Ce lien va passer par le regard attentionné que vous lui porterez quand il fait les choses. Par les activités et les échanges avec lui… Le lien sera solide s’il existe une harmonie et une continuité dans tout cela. Le fait que vous « pétiez parfois les plombs » le fragilise au contraire. Cela rompt le lien. De même si vous n’assurez pas une continuité logique et cohérente dans son éducation et dans la relation. Sans logique, l’enfant n’a pas de lecture sur ce qu’il doit faire ou comment se comporter pour vous satisfaire ou être en sécurité.
Les câlins par lesquels on échange les flux d’amour et la tendresse pourront être un bon début pour remettre du lien.
Et comme Il n’y a pas d’âge pour les câlins, n’hésitez pas. De toute façon, au lieu de passer par la case cris et coups, puis par les explications et les excuses et enfin la réconciliation et le câlin…Optez directement pour la case câlins, vous économiserez ainsi du temps, de la culpabilité et de la souffrance !!!
Accordez-vous du temps pour vous. Confiez votre enfant à une amie, un parent, une nounou pour respirer et prendre soin de vous (le corps et l’âme).
L’écoute par le jeu
Communiquer avec son enfant est important et cependant ce n’est pas toujours évident de le faire et de comprendre. Une bonne façon de trouver des réponses est le jeu. Il suffit de lui laisser la main sur le déroulé. Il vous mettra dans la situation qui était la sienne et vous dévoilera les instants de sa journée et les choses qui l’ont marqué. Même s’il ne parle pas bien, l’enfant va mimer et reproduire les gestes et les attitudes qui peuvent l’avoir questionné ou choqué.
Vous pourrez ainsi agir sur ce qui ne va pas et lui apporter des réponses rassurantes pour qu’il puisse dépasser la situation stressante. Comme à coup sûr il vous mettra à la place de l’enfant ou du personnage qui subit, demandez-lui ce que vous devez ressentir ou faire. Il vous répondra par ce qu’il a ressenti ou fait.
Rassurez- le régulièrement
Un enfant, quels que soient son âge et sa maturité, se pose facilement des questions. Sans réponse, il va nourrir des craintes, se faire des films et nourrir des comportements anxieux.
Le fait d’interagir avec son enfant, de le regarder du coin de l’œil quand il joue ou gazouille le calme et le rassure.
De plus, malgré l’amour qu’il vous porte, il a besoin de comprendre pourquoi votre relation est si difficile. Il ressent vos émotions négatives, l’angoisse que vous avez à vivre des moments simples avec lui. Il se culpabilise.
Lui dire que vous appréciez quand il fait telle ou telle chose (banale, du quotidien) ou que vous vous sentez bien avec lui le sécurisera. De ce fait, cela amènera de la sérénité à la maison. Moins anxieux et plus calme, il lui sera plus facile de gérer ses émotions.
De plus, sans vous en rendre compte, il se peut que vous ne lui accordiez de l’attention uniquement quand il se fait remarquer. Dès lors, il va s’agiter et agir pour attirer votre attention.
Plus dangereux encore, il peut sentir que vous allez mieux une fois que vous avez déchargé votre « fardeau » sur lui. Il peut donc essayer d’agir pour vous permettre d’aller mieux après et de recevoir sa dose d’amour en récompense (vous me suivez ?).
Si vous êtes un parent seul
Sécurisez-le en lui parlant des bons côtés de votre ex et de l’amour que vous avez partagé.
Quand un enfant grandit, l’absence de son parent et d’informations positives sur son compte peuvent le fragiliser. Lui créer des peurs qui vont induire un comportement parfois difficile. De simples données positives vont le rassurer et l’aider à grandir.
S’il vous est impossible de dire des gentillesses sur votre ex, vous pouvez vous en tenir à des faits simples mais positifs (c’est important et sans ironie car les enfants sentent ce genre de subtilités). Leur imagination fera le reste.
Ex : il adorait danser. Il aimait beaucoup ses amis et d’ailleurs il en avait plein. J’aimais beaucoup quand il mettait ses bottes noires…
L’enfant comprendra que son parent aime s’amuser, qu’il est gentil et que vous l’aimiez
De même sans rentrer dans le détail de votre relation (si en plus elle n’était pas idyllique et que vous peinez à vous la remémorer) vous pouvez simplement le sécuriser en lui confiant que faire un enfant est une des plus belles preuves d’amour. Il comprendra qu’il est un enfant attendu et conçu dans l’amour.
Pour conclure
Il faut réagir vite. Oser en parler car tout seul vous n’y arriverez pas. Mettre son enfant à l’abri. Se faire aider et guider dans les gestes et la relation avec lui afin d’apprendre et de lâcher prise sur l’enfant intérieur qui vous fait agir. Au pire du pire, renoncer momentanément à le garder au sein du foyer. Si vous l’aimez sincèrement, vous trouverez la force de le faire et assumerez les sentiments de honte et de culpabilité que vous pourriez ressentir. Une thérapie, en parallèle, va vous aider à gérer ces sentiments et à trouver par la suite une autre posture de parent.
Pour aller plus loin :
Une séance gratuite d’accompagnement
https://lavieautaquet.com/2017/11/16/ne-supporte-plus-enfant/