Quelques bonnes réactions face aux mensonges de notre enfant
Le mensonge est un simple mode de défense
Ne pas chercher à le démasquer quand on sait qu’il a menti
C’est dévalorisant pour lui. Pris au piège, il se peut qu’il nie et persiste tant la situation lui semble violente et vexatoire. De plus, Les enjeux peuvent lui paraître si importants pour vous qu’il peut chercher à s’en protéger.
Par ailleurs, si vous savez qu’il sait que vous savez et voulez qu’il avoue, cela n’est pas tellement « bienveillant ». On pourrait interpréter cela comme un comportement de manipulation à son encontre. Cette attitude peut le conduire à chercher à faire de même. Instaurer une relation de force ou simplement ne pas comprendre la nécessité d’avouer car vous savez déjà.
Le regret et la honte peuvent aussi le pousser à minimiser son rôle, arranger la réalité ou trouver des circonstances extérieures l’ayant obligé à agir de la sorte.
Au contraire, en usant de propos positifs et sans jugement, constatez qu’il n’a pas rapporté la vérité.
Pour cela :
- Lui exprimer ses sentiments et ses besoins,
- Définir ses attentes,
- L’inviter à s’exprimer sur l’utilité du mensonge pour lui (donc ses besoins, ses sentiments). Cela va vous permettre de comprendre comment il fonctionne et ce qu’il redoute. On évitera, pour cela, les formules culpabilisantes et inquisitrices (du style « pourquoi », « je ne comprends pas… »),
Ainsi, vous allez pouvoir le rassurer dans l’immédiat puis, par la suite, au quotidien,
- Trouver ensemble comment faire autrement dans un premier temps et vous assurez, dans un second temps, qu’il lui sera possible d’adopter ce nouveau comportement. Valider que ce dernier sera le bon compromis pour répondre à vos attentes et aux siennes. Une solution qui lui sera possible de tenir (non pour vous faire plaisir ou pour vous rassurer sur le moment).
Après cela, vous allez vous attacher, au quotidien à faire disparaître les craintes et les peurs qu’il vous a dévoilées. De même vous aller tâcher de désamorcer les sentiments négatifs. La culpabilité ou la honte, ni même la punition ne sont des moteurs pour le faire renoncer au mensonge. Tout ceci est de la « police extérieure » qui va favoriser un comportement artificiel. Et peut être peaufiner sa « technique » pour ne pas se faire prendre la prochaine fois!!
Laisser son enfant au quotidien exprimer ses émotions sans les nier :
L’enfant n’a pas de filtre, il va alors s’exprimer sans y mettre les formes. Ses propos peuvent résonner durement. Ils peuvent vous sembler inconvenants ou injustes. Derrière cela, il y a une raison bien plus « saine » mais difficile à verbaliser pour lui. Soit qu’il ne dispose pas du vocabulaire suffisant pour s’expliquer ou nuancer ses propos, soit que ses sentiments sont si forts qu’il ne peut les exprimer que de façon abrupte et spontanée. De plus, il peut s’agir d’un questionnement intérieur fort et impératif.
Plus un enfant aura la capacité à s’exprimer librement et plus il lui sera facile de dire la vérité. Ce sera aussi un bon exercice pour lui. Vous l’aiderez dans la formulation et reformulation de ses émotions, idées, frustrations, etc…En lui apprenant le vocabulaire approprié, nuancé et positif qu’il pourrait utiliser à la place.
Exemple
« Tu as vu, il est vilain le monsieur » (parce que le monsieur a une caractéristique physique particulière). Ne pas lui interdire mais plutôt proposer quelque chose comme « moi je crois que tu es étonné de….aussi comme c’est la première fois que tu vois le monsieur tu te dis que c’est étrange). Vous pouvez également faire de l’humour en trouvant, chez vous, une caractéristique rigolote qui pourrait aussi surprendre les autres. Ou qui a attiré son papa ou sa maman tellement elle lui semblait différente.
Dans ce cas, l’enfant s’interroge. Il ne cessera pas de formuler la remarque tant qu’il n’aura pas d’explication. Vous pouvez lui en fournir une un peu généraliste (pour ne pas indisposer le monsieur) en attendant de plus amples explications. Si vous êtes à l’aise, engagez la conversation avec la personne et voyez si elle peut répondre sans gêne à la curiosité de votre enfant.
Deux intérêts à cela :
- vous évitez de frustrer l’enfant
- Et lui permettre, aussi, d’apprendre par votre réaction à ne pas redouter, ignorer ou rejeter la différence.
Si vous n’avez pas su faire, débriefez avec lui en lui expliquant que vous-même n’avez pas eu le comportement approprié car vous avez eu peur de blesser le monsieur. Qu’être un peu différent cela peut rendre triste et que vous avez redouté cela dans le cas du monsieur. Parce que cela demande de choisir les bons mots.
En conclusion inviter sans cesse son enfant à refouler ses émotions, c’est déjà lui apprendre à manipuler sa réalité et son comportement et, par voie de conséquence, à le préparer pour le mensonge.
Mensonge et confiance
Restaurer ou alimenter sa confiance en soi et son estime de soi :
Veiller quotidiennement à valoriser ses actions, ses comportements. A prendre en considération ses propos. Lui accorder du temps pour qu’il vous raconte ce qu’il a fait et vécu pendant la journée. Un moment au cours duquel vous n’allez rien faire d’autre que d’être en écoute active et en interaction avec lui.
L’attention que l’on porte à son enfant c’est aussi relever les petites choses du quotidien. Pourquoi attendre qu’il ait fait une chose exceptionnelle ou incorrecte pour lui marquer de l’intérêt ? C’est aussi valoriser ou relever chez lui une caractéristique qui vous plaît particulièrement.
Enfin, le laisser respirer : lui accorder un espace à lui et dans sa tête qui lui appartient et dont vous n’aurez l’accès qu’à condition qu’il décide de vous l’accorder. Ceci veut dire de ne pas être trop intrusif, autoritaire mais en revanche de le laisser s’émanciper pour l’aider à grandir.
Restaurer ou alimenter sa confiance en vous :
Et oui, il s’agit également de la confiance qu’il a en vous. En l’amour inconditionnel que vous lui portez quels que soient ses actes mais aussi leurs conséquences.
Vous pouvez, pour cela, vous questionner sur l’impact que ses bêtises ou mensonges ont sur vous, le choix des sanctions que vous décidez. Les mots que vous prononcez. Il est nécessaire de faire la part des choses et de ne pas dramatiser. Le mensonge n’est pas inné ou définitif chez lui, simplement le mode de protection (du moment) qui lui semble le plus approprié face à ses peurs et ses croyances.
Valorisez- vous suffisamment ses faits et gestes quand ils sont positifs ou cela vous paraît-il être la moindre des choses ? L’enfant peut penser que votre amour est une récompense, conditionné par sa conduite. Et comme « bien agir » est en général considéré comme normal et naturel, il va tout comme vous relever les mauvaises actions. Celles qui peuvent ôter des points sur son « permis d’être aimé ».
Ici, le propos n’est pas de vous culpabiliser mais de mettre le doigt sur une réalité universelle : quand tout va bien, nous avons tendance à nous dire que cela est normal. Peut-être pouvons-nous nous réjouir pour ces moments de sérénité et de quiétude. Marquer le coup et le remarquer de façon positive.
Ex : faire part de son bonheur à partager ce moment à table, ou lorsque vous jouez tous ensemble. Que vous aimez tel ou tel moment en tête à tête avec votre enfant. Ou quand il fait telle ou telle chose…
Les comportements qui désamorcent le mensonge
Le responsabiliser :
Quand l’enfant fait une bêtise, on veut marquer le coup pour souligner que son comportement n’était pas correct. Cependant, la punition, le jugement et l’étiquette : c’est de la « police extérieure », « de l’autorité extérieure » qui pourrait l’empêcher de mettre en place ses propres interdits et régulations internes.
Affronter les conséquences de ses actes, les réparer et s’amender. Cela va permettre à l’enfant de mettre en place ses propres garde-fous avec une vraie portée éducative qu’il sera à même d’intégrer et de reproduire dans la société.
Le but étant que ses écarts de conduite ne soient pas sanctionnés par des propos dévalorisants susceptibles de diminuer son estime ou sa confiance en soi. De générer de la honte mais qu’il soit capable, par lui-même, d’apprendre à faire sa propre « police ». Il va devenir conscient de ses actions et développer de l’empathie.
L’objectif est également d’éviter de lui estampiller des « étiquettes » péjoratives et définitives de « menteur », « enfant difficile », etc…qui ne l’aideront pas à adopter un comportement différent mais au contraire conforme à ce qu’implicitement vous attendez de lui.
Trouver avec lui les actions qu’il pourrait mettre en place pour « réparer » ses bêtises. Identifier une gentille action supplémentaire pour s’amender. Quand son comportement a pu causer une peine ou une déception particulièrement forte. Pour qu’il touche du doigt que dans certaines conditions, le retour à la norme n’est pas suffisant. Ou quand il lui est définitivement trop difficile de s’excuser de bonne foi.
Montrer le bon exemple :
Les enfants imitent le comportement des adultes. Nous sommes parfois, nous- même, des « enfants sociaux » redoutant, de ce fait, le regard et la sanction en provenance de l’extérieur bien plus que la petite voix de notre conscience. La vérité peut alors être ressentie comme une nécessité « hypocrite ».
Pour l’aider à être son propre garde-fou, rien de tel que de montrer soi-même l’exemple. Lui démontrer qu’on est sa propre instance régulatrice au lieu d’insinuer que le regard des autres, la morale, l’employeur, la police, et toute autre autorité supérieure pourrait vous démasquer ou vous le faire payer. Assumez !!
Donner du crédit à vos propos sur le mensonge. Montrez-lui que vous savez assumer vos responsabilités et faire face aux conséquences de vos actes quand il est témoin de vos petits arrangements avec la vérité.
Soyez un modèle cohérent avec les sermons que vous lui faites sur le mensonge et la nécessité d’être honnête autant que possible.
Enfin cessez de lui faire des promesses que vous ne tiendrez pas ou n’avez pas l’intention de tenir. Tout cela pour enrayer un moment difficile que vous ne savez pas gérer ou pour vous assurer de la tranquillité. Ce sont de petits mensonges qui ont sur lui des conséquences.
Aller plus loin
https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2011-4-page-87.htm
https://lavieautaquet.com/2017/10/27/mon-enfant-est-menteur/
https://lavieautaquet.com/2017/10/26/adopter-education-bienveillante/