Les perturbateurs endocriniens que l’on consomme
Traquer les perturbateurs endocriniens pour les réduire de notre alimentation
De nos jours, il est impossible d’échapper à l’exposition de produits chimiques que sont les pesticides, les dioxines, les PCB…. La société de consommation (production de masse, à moindre coût et à perte minimale) mise en marche depuis fort longtemps maintenant ne nous permet plus de nous en préserver totalement. En revanche, il est toutefois possible de les limiter en optant pour des produits plus sains et plus naturels.
Cela étant dit, il est bon de préciser que beaucoup de ces substances ont été introduites bien avant les années 80, avant que l’Union Européenne ne légifère sur leur autorisation ou interdiction sur le territoire (utilisation et importation). Malheureusement, actuellement encore, on peut en trouver trace dans les sols exploités pour l’agriculture ou l’alimentation des animaux, les eaux pour l’arrosage et la consommation. Aujourd’hui, on sait qu’elles sont nocives à notre santé et certaines sont classées comme perturbateurs endocriniens.
Que sont les perturbateurs endocriniens ?
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) : « Un perturbateur endocrinien désigne toute substance ou mélange exogène à un organisme modifiant la (les) fonction(s) du système endocrinien et provoquant ainsi des effets sanitaires nocifs sur l’organisme intact, sa descendance, ou sur des populations ».
Les perturbateurs endocriniens, sont des substances chimiques qui affectent le système hormonal et peuvent être à l’origine de maladies auto-immunes, de cancer et d’infertilité, en autres. On les soupçonne, par ailleurs d’être liés aux phénomènes d’obésité, de diabète et d’hyperactivité chez l’enfant, phénomènes de plus en plus répandus depuis ces dernières années. Ils vont agir en bloquant, altérant ou mimant l’action des hormones de notre corps.
Le système hormonal

source INRS
Les hormones, ou messagers chimiques sont produites par les glandes endocrines et vont cheminer par voie sanguine jusqu’aux organes et systèmes cibles et permettre à l’organisme de fonctionner.
Ainsi, elles vont assurer et réguler les activités et mécanismes complexes du corps humain :
- Les fonctions de croissance et développement,
- L’équilibre nerveux,
- Les fonctions de reproduction
- La gestion des stimuli divers (peur, agitation, stress…)
- La production et la régulation de l’énergie
- Etc…
Quels sont leurs effets sur notre santé ?
Ces PE sont néfastes pour la personne directement exposée mais ont également des effets transgénérationnels (impactant également leur descendance).
Les effets suspectés des perturbateurs endocriniens
Selon l’INRS (relayant les études faites sur le sujet) : « Les effets des perturbateurs endocriniens varient selon l’âge et l’état physiologique des individus exposés. Il existe des fenêtres de susceptibilité ou des périodes de vulnérabilité durant lesquelles certaines populations (femme enceinte ou en âge de procréer par exemple) sont plus sensibles à leurs action ».
Il semblerait, s’agissant de ces substances, que plus que la dose, c’est le moment de l’exposition qui conditionnerait leur dangerosité. Et leur mélange provoquerait « un effet cocktail ».
De plus l’OMS préconise d’apporter un soin particulièrement rigoureux à l’alimentation et aux bonnes pratiques alimentaires jusqu’aux deux ans des enfants.

Source INRS
Les perturbateurs endocriniens vont se fixer sur les récepteurs cellulaires et empêcher le corps de fonctionner naturellement en perturbant la production ou le transport, limitant, se substituant aux hormones naturelles ou en les bloquant. Par conséquent, cela peut envoyer de fausses informations à l’organisme. Cela peut se traduire par une quantité trop importante ou trop faible de sécrétions hormonales. Ces dysfonctionnements peuvent impacter la métabolisation des graisses, des sucres ; Jouer sur notre humeur, notre énergie et notre capacité à se concentrer et à mémoriser. Ils peuvent favoriser l’apparition ou le maintien d’un état dépressif et de fatigue chronique.
Où trouve t-on des perturbateurs endocriniens ?
On trouve malheureusement ces perturbateurs un peu partout. Ils sont contenus dans certains cosmétiques, produits d’hygiène personnelle, médicaments, détergents, mais également dans les emballages alimentaires (procédé de fabrication de l’emballage ou son traitement pour assurer sa conservation) ou même les produits alimentaires (traces de pesticides dans les fruits ou les céréales, métaux lourds et PCB dans certains poissons et produits de la mer, les dioxines dans les viandes).
Comment réduire notre exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Nous ne pouvons pas tout contrôler par manque de connaissance suffisante, de transparence mais également de temps. En revanche, nous pouvons opter pour plus de vigilance grâce à un déchiffrage systématique de la composition de nos aliments afin de mieux les choisir.
Conseils sur l’alimentation
Les fruits et légumes :
- Laver les fruits et les légumes, juste avant de les consommer et privilégier les produits biologiques et locaux autant que possible,
- Peler les fruits de façon à le débarrasser d’une grande partie de ses pesticides (leur peau est réputée plus chargée en vitamines mais malheureusement en résidus toxiques également),
- Ajouter au menu des graines germées de pois, de radis, de brocoli et autres, qui sont très nutritives et habituellement cultivées sans pesticides,
- Varier les fruits et les légumes pour éviter l’accumulation d’un même pesticide,
- Opter pour des conserves en verre plus qu’en boite,
- Préférer les aliments frais aux aliments en conserve,
Les friandises, viennoiseries, gâteaux et céréales :
Vérifier la présence de substances indésirables comme les BHA et BHT
Les poissons :
- Choisir des poissons qui ne mangent pas eux-mêmes des poissons,
- Éviter les gros poissons et les plus âgés, qui sont les plus contaminés,
- Limiter ou éviter les simili-crabes, simili-pétoncles et simili-crevettes (les fameux bâtonnets ou les miettes pleins de colorants, d’agents de conservation et d’arômes artificiels),
- Privilégier les poissons frais. Les poissons en bocal ou conserves sont plus concentrés en polluants,
- Préférer la cuisson au four, au grill plutôt que la friture,
Lors de la cuisson du poisson, retirer avant la consommation le gras fondu (c’est dans le gras que se fixent les polluants organiques persistants).
Les viandes et les produits laitiers :
Nous savons depuis longtemps maintenant, qu’il n’est pas recommandé de manger de la viande tous les jours.
De plus, concernant les produits laitiers, beaucoup d’études cliniques semblent démontrer un lien ténu entre les laitages et la déminéralisation des os à long terme (études des diverses populations qui ne consomment pas ou très peu de produits laitiers versus celles qui en consomment quotidiennement : obésité et ostéoporose inexistantes pour les uns et taux record de ces phénomènes pour les autres). Par ailleurs, l’alimentation actuelle est largement supplémentée en toute sorte de vitamines, calcium et oligo-éléments.
- Privilégier les viandes et les volailles biologiques, idéalement élevées en liberté, ou s’assurer à tout le moins que les animaux n’ont pas consommé de sous-produits animaux.
- Ne pas abuser de la viande.
- Favoriser les protéines végétales en complément des protéines animales.
- Enfin, choisir des viandes maigres ou en retirer le gras : de nombreux perturbateurs endocriniens s’accumulent dans les matières grasses.
L’eau :
- Installer des filtres au charbon ou à ozone, si possible, pour l’eau de la maison.
- Boire de l’eau du robinet filtrée.
Traquer les perturbateurs endocriniens dans les ustensiles et contenants
En complément, la prévention peut passer par le choix des matériaux que nous choisissons pour cuisiner et stocker nos denrées.
- Éviter les cuit-vapeur en polycarbonate, les moules en silicone, casseroles et poêles antiadhésives du style Téflon qui migre dans les aliments lors de la cuisson (toxique dès 230° alors que les 250° sont atteints lorsque nous cuisinons),
Nota : ces revêtements sont en Polytetrafluroéthylène (PTFE) et sont collés au fond de nos poêles et casseroles avec de l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), composés perfluorés et de ce fait contenant des atomes de fluor (toxiques et cancérogènes),
- Préférer alors par exemple les poêles et casseroles en acier inoxydable, ou enduites de céramique. Vérifier, si elles sont certifiées « sans PFOA », qu’elles ne contiennent pas non plus de PTFE
- Ne pas utiliser les poêles et casseroles dont le revêtement antiadhésif est abîmé, car elles laissent s’échapper encore plus de téflon dans les aliments,
Utiliser des contenants de verre ou de céramique dans le four à micro-ondes plutôt que les contenants et les pellicules de plastique. Plus la chaleur s’élève dans ce genre de plats et plus les substances nocives des plastiques s’échappent,
Contrôler la composition des emballages plastique
- Vérifier les composants lors de vos achats de biberons ou préférer les en verre,
- Éviter les plastiques nos 3, 6 et 7, surtout pour conserver des aliments gras et pour les chauffer.
- Se débarrasser des contenants de plastique dès qu’ils sont abîmés. Plus le plastique est usé ou altéré, plus il libère des toxiques,
- Peut-être préférer le stockage automatique des aliments cuisinés dans des contenants autre que plastique.
De plus, éviter les bouteilles d’eau ou canettes en polycarbonate marquées de ce logo « autres plastiques » (plastique 7 PC) qui pourrait laisser s’échapper du bisphénol A dans l’eau (normalement interdit depuis 2013 dans les contenants destinés aux bébés et 2015 pour les autres sans, toutefois, être éliminé totalement de la production industrielle).
Assurer un recyclage sécuritaire des médicaments non utilisés et des contenants qui en gardent les traces en les retournant à la pharmacie.
En conclusion: le corps et la santé, c’est un investissement à long terme. Il ne viendrait à l’idée de personne d’acheter un bien immobilier sans s’informer un minimum sur le bien-fondé de l’investissement convoité, la composition des matériaux et les risques !!
Pour aller plus loin
https://lavieautaquet.com/2017/11/12/alimentation-retrouver-energie-bonne-humeur/
http://www.ineris.fr/centredoc/dp-microplastiques-1417075160.pdf